Déroulement

Nous avons participé au rassemblement anti ACTA du 25 février 2012. Si les manifestants étaient moins nombreux (environ 200) que la fois précédente, l’ambiance était beaucoup plus festive.

En revanche, moins de structures étaient présentes. Nous avons croisé des gens de l’APRIL, de la Quadrature du Net, d’Ubuntu Lyon, mais tous sans avoir de participation revendiquée au rassemblement. Dommage ! De la même façon, pas d’Écologeeks cette fois, mais les Jeunes Socialistes avaient fait le déplacement avec 2 petits drapeaux et des flyers + stickers.

Après quelques flottements initiaux liés au rassemblement voisin en soutien au peuple syrien, l’organisation s’est mise en place.

Étrangement, des gens ont voulu questionner la pertinence d’avoir le drapeau du Parti Ꝓirate au sein du cortège. WTF ¿!? Nous pouvons comprendre les craintes liées à l’appropriation d’un mouvement citoyen, mais vouloir interdire au Parti Ꝓirate de lutter contre ACTA, ça devient vraiment trop tordu. La volonté de certaines personnes de demander aux participants du rassemblements de ne pas parler à la presse ou de prendre de photos[1] est également assez suicidaire : une manifestation publique a pour but d’être visible et de faire parler d’elle, afin d’attirer l’attention du public sur la cause défendue. Manifester en cachette est antinomique. Bref, nous avons trollé joyeusement avec les gens-aux-mégaphones, puis le cortège s'est mis en marche; le drapeau du Parti Ꝓirate flottant fièrement au vent.

Anecdote amusante : au moment du départ, nous sommes sommes aperçu que les Jeunes Socialistes avaient disparu. Ils avaient peut-être mieux à faire, ou alors ils n’étaient pas aussi impliqués que cela dans la lutte contre ACTA ? :)

Préparation de banderole Carte du parcours Le cortège équipé Le cortège équipé

Bref, nous avons marché, sauté et crié (en bonus du billet : le relevé GPS du parcours)

Et à la fin, le PꝒRA est rentré pour se faire une soirée crêpes bien méritée. La recette de Biaise : 500g de farine. Y faire un puits. Y casser les 8 œufs et mélanger en incorporant peu à peu de la farine. Ajouter les 100g de beurre fondu et deux cuillères à soupe de sucre, continuer à mélanger. Verser un litre de lait petit à petit en battant énergiquement afin d'éviter les grumeaux. Laisser reposer 1h. Ah j'oubliais : et une lichette de bière !. Servir les crêpes avec du saumon fumé, du fromage et du Nutella (mais pas tout en même temps).

Précisions nécessaires

Durant ce rassemblement d’opposition à ACTA, on a pu entendre différentes revendications que nous ne partageons pas. Il est important de tirer cela au clair.

Le slogan « culture gratuite, gratuite pour tous » : non, la culture n’est pas gratuite !!! Comme toute chose, elle a un coût; en revanche, il faut qu’elle soit librement accessible et partageable au plus grand nombre. Il est normal pour une personne de percevoir le juste fruit de son travail. Les interprètes, auteurs, musiciens, acteurs, réalisateurs, et d’une façon générale toute personne qui participe à la création et au partage de la culture et de la connaissance doit pouvoir être rémunérée d’une façon juste.

Appeler au boycott de Pathé ou de la FNAC est quelque chose que nous comprenons mais que nous ne soutenons pas[2]. Le Parti Ꝓirate n’est pas en guerre contre ces entreprises. Nous ne nous associons pas du tout aux slogans anticapitalistes qui ont été scandés devant leurs enseignes. L’argent et le commerce ne sont pas des ennemis de la culture et ont pleinement leur rôle à jouer dans la société. En revanche, il serait bénéficiable à beaucoup de personnes que ces grands acteurs culturels ne ponctionnent pas autant les bénéfices des créateurs et artistes. Les gens qui téléchargent le plus sont aussi ceux qui achètent le plus de produits culturels. Le téléchargement illégal existe car il répond à une demande qu'aucune offre légale ne propose.

« ACTA va interdire les médicaments génériques ». C’est faux, ACTA ne s’oppose pas à la production et à la commercialisation des médicaments génériques[3]. En revanche, c’est vrai qu’il est prévu le renforcement des contrôles douaniers et la restriction de la circulation des médicaments génériques entre pays n’ayant pas signé d’accords commerciaux à ce sujet. Ce point concerne la protection des brevets dans le cadre des échanges internationaux, et non pas la restriction d’accès aux soins. Malheureusement, les populations se retrouvent impactées par effet de bord.

En conclusion, si des personnes souhaitent inclure d’autres messages, ça serait sympa de prévenir avant afin que l’on puisse choisir de s’associer ou non au mouvement.

Et la suite ?

Actuellement, ACTA est en assez mauvaise posture en Europe. Plusieurs pays ont suspendu la ratification du traité, le parlement européen n’y est pas favorable, et la légalité même du traité est suffisamment remise en question pour que la Commission européenne prenne le risque de consulter la Cours de justice européenne à ce sujet avant qu’il soit mise en délibération devant les députés. Ça sent de plus en plus le sapin pour ACTA, car si l’Europe s’oppose à lui il ne pourra pas être mis en place en France, et un ACTA mondial sans l’Europe n’a pas de sens.

Le travail d’alerte et de sensibilisation que nous réalisons porte ses fruits, la lutte se fait maintenant au niveau institutionnel et moins dans la rue. En effet, c’est désormais aux parlementaires de se prononcer sur ACTA. Il est important que les citoyens restent mobilisés, et les rassemblements publics ne sont probablement plus aussi nécessaires : le combat se termine désormais lieu dans des salles feutrées, avec les citoyens qui attendent leurs élus à la sortie. Il ne faut surtout pas laisser retomber la pression sur nos institutions car les lobbyistes pro-ACTA, eux, n'attendront pas le vote et insisteront jusqu'aux bout

Notes

[1] rappel : si vous participez publiquement à un événement public dans un espace public, vous êtes susceptible d’être pris en photo. Et c’est tout à fait normal; les gens qui souhaitent rester anonyme doivent songer à investir dans des masques et des écharpes :)

[2] Au PꝒRA, on aime bien les anarcho-bisounours anticapitalistes, mais de loin.

[3] sérieusement les gars, bossez vos dossiers avant de crier des énormités pareilles. On a déjà suffisamment de boulot à faire pour informer les gens, alors essayez de ne pas raconter n’importe quoi