Bon.
En avant pour un petit compte rendu du débat APF (Association des Paralysés de France, Délégation du Rhône)...
Je suis arrivé avec 5 minutes de retard mais j'ai tout de même pu m’asseoir à une place stratégique : le milieu de la longueur. Le tour de table commençait à peine et tout le monde se présentait en disant combien il était impliqué dans les questions de l'APF tout en cherchant à rester modeste. J'ai tranché en disant ne pas connaitre du tout ces problématiques et que j’étais là pour m'informer. Du coup, par la suite, beaucoup ce sont tournés vers moi pour m'expliquer leur point de vue.
Charte d'engagement APF
L'APF avais mis à disposition de chacun un dépliant : une charte avec 12 points classés en 3 catégories "liberté, égalité fraternité". (voir ici)
Nous avons donc abordé le premier point qui parlait d’accessibilité.
Les transports en commun sont immédiatement arrivés sur le tapis, leurs horaires, et leur infrastructure (cars régionaux avec leurs trois marches et leur porte étroite, trains dont la gare est praticable pour un handicapé sur la voie d'aller mais pas sur celle de retour...)
Prenant un air naïf, j'ai fait remarquer que, dans cette assemblée, je ne voyais pas qui pourrait se prétendre opposé aux demandes formulées, et que "je me demande plutôt quels sont les résistances ?" et là c'est parti en cacahuète...
Des points abordés nous ne sommes pas allés plus loin dans la charte ce soir.
loi de 2005
Tout de suite il a été question d'une loi votée en 2005 (dont l'UMP est très fier, et dont j'ignore tout, je l'admets) qui impose à tous de se mettre en conformité avec des règles d’accessibilité pour 2015. Les deux points suivants concernent l’application (ou non) de cette loi.
J'ai, à plusieurs reprises, fait la remarque que si la loi sanctionnait bien les manquements, elle n’encourageait pas la mise en conformité. J'ai rappelé que nous avions déjà des lois sociales du même genre qui n'étaient pas suivies. Par exemple, la loi sur l'obligation des municipalités d'avoir un pourcentage précis de logements sociaux, certaines municipalités préfèrent payer les amendes plutôt que de se mettre en conformité. Quelqu'un de l'APF a fait la même remarque sur la loi des quota handicapés en entreprise.
ERP 5eme catégorie
Il s'agit principalement des magasins de proximité, les petits magasins donc. Ce sont les commerces qui ont le plus de mal à appliquer cette loi pour des raisons pratiques "vous me demandez un plan incliné au lieu de mes trois marches mais ça me fait perdre 3m de linéaire !" Un ancien maire a fait remarquer que ces questions ne pouvaient être réglées efficacement qu'en local. Le conseil général a aussi été évoqué pour sa grande compétence en la matière.
Bâtiments classés (ABF)
La question des bâtiments classés est arrivée avec, forcément la mauvaise volonté proverbiale de "Architecte Bâtiment de France" (j'ai eu affaire à eux... je connais). Le député UMP sortant de la 12ème circonscription (qui a participé à l'élaboration de cette loi) a affirmé que même les ABF étaient tenus de respecter la loi. Je lui ai répondu que c'était faux puisque cela entrait en conflit avec les notions de sauvegarde du patrimoine et de la propriété intellectuelle... Il a acquiescé mais en lâchant l'affaire (il semblait mal à l'aise, visiblement il a déjà été confronté à cet argument.. pour le PP c'est à creuser)
Véhicules individuels adaptés
Pour un ancien médecin (qui a immédiatement sympathisé avec Gwen :p), il fallait privilégier la voiture pour les handicapés (les écolos ont apprécié) ce à quoi il a été répondu que :
- même avec une voiture, cela ne résout pas les problèmes d'infrastructure évoqués avant (exemple : le parking de la place Bellecour)
- ces véhicules spécialements préparés sont très chers... surtout pour quelqu'un dont les ressources financières sont congrues !
ARS (je croie qu'il été plutôt question de l'AAH)
Les allocations pour handicapés ont naturellement été évoquées...
L'UMP s'est immédiatement vanté d'avoir augmenté celle-ci de 25%, ce à quoi il a été répondu que 25% de pas grand chose, ça ne faisait vraiment pas grand chose. J'ai fait remarqué qu'en 5 ans, cela couvrait tout juste l'inflation. Il a été dit, par l'APF aussi que cette allocation était de moins de 770€ alors que le seuil de pauvreté était, lui, de 800€...
Gwen (qui était arrivée après moi et qui s'est donc retrouvée dans un coin de la table à l’opposé des représentant de l'APF, ce qui a fait qu'elle a eu énormément de mal prendre la parole) a fait une intervention sur les solidarités individuelles, ces personnes qui n'ont pas grand chose mais qui le partage pour aider ceux qui sont en difficulté. Elle vous en parlera mieux que moi.
Une personne de l'APF a confirmé que l'association s’appuyait beaucoup sur une aide de ce genre... l'association fonctionnant elle-même grâce à des bénévoles ! Ce qui a provoqué la remarque suivante : "le problème est que l’État se désengage en laissant les associations faire son travail".
Un moment, elle a parlé de lois votées sans concertation avec les associations. Ça a agacé une militante de l'UMP qui lui a répondu qu'elle n'avait qu'à se faire élire si elle n'était pas d'accord... ce à quoi Gwen a rappelé très calmement que, justement, elle était là en tant que candidate... C'était cocasse.
La place du handicapé dans la société
Cela a amené d'autres préoccupations exprimées par les représentant de l'APF :
-1- Comment un handicapé est vu par les "valides" :leur ressenti est qu'un handicapé est vu comme quelqu'un qui coûte de l'argent à la société et qui encombre dans les transports en commun. Plusieurs réponses ont été faites : tout d'abord que cela devait avant tout être traité à l'école, qu'il fallait faire en sorte que l’école publique soit réellement ouverte et adaptée.
Il a été question de formation du personnel scolaire...
-2- Malgré le risque d’être vu comme une charge financière plus lourde pour les autres concitoyens, dont l'APF a bien conscience des problèmes (travail, chaumage, charges sociales...) ils préféreraient avoir une allocation leur permettant de vivre décemment et ne plus avoir de "tarifs handicapés" qu'ils trouvent stigmatisant.
Plutôt que de rester enfermés chez eux, cela leur permettrait plus d'avoir une vie sociale, ce qui contribuerait à leur acceptation dans la société.
À ce moment là, certaines personnes (dont le candidat UMP pour la 12ème) nous avaient quittés.
Sexualité
Une personne de l'APF nous a tous interpelés sur l'impossibilité de certains handicapés moteur à vivre une sexualité (certains n'ayant même pas la capacité de se masturber) et de la détresse psychologique que cela induit... pouvant aller jusqu'au suicide.
Presque tout le monde a eu un geste de gène...
J'ai répondu que cela était une question indispensable qui, pour moi, impliquait une remise à plat de la prostitution en France qui, actuellement est traité de façon hypocrite.
Gwen (malgré le fait que quelqu’un ait voulu l’empêcher de prendre la parole) a parlé de ses contactes avec le STRASS (Syndicat du TRAvail Sexuel) et a invité l'APF à entrer en contact avec eux.
Bizarrement, pendant 10 minutes, là, elle a pu parler sans que personne ne l'interrompt, tout le monde étant bouche bée.
Certaines personnes de l'APF étaient très intéressées, celui qui nous a interpellé nous a même dit qu'il avait lui-même l'intention d’aller à un événement du STRASS à titre personnel.
D'autres pistes ont été évoquées, comme une formation d'aidant sexuel pour les aides soignants accompagnant déjà les handicapés. La loi Léonetti (relative aux droits des patients en fin de vie) a été évoquée. Mais ces pistes là n'ont pas suscité beaucoup de réactions à part pour dire qu'il est très difficile pour une association d'aider les handicapés sur cette question sans tomber sous le coup de la loi sur le proxénétisme...
L'ancien médecin au nœud papillons (le copain de Gwen) a parlé de rééducation sexuel pour les accidentés... il n'avait clairement pas compris la question.
Moyen de placement insuffisant (Belgique)
A partir de là la réunion s'est essoufflée. Il a été question de "rapatrier les handicapés de Belgique"... (gros flottement incompréhension dans la salle)... En fait, il n'y à pas assez de places dans les structures spécialisées, en France, pour les handicapés fortement dépendants, ils sont donc encouragésa allé dans le Benelux ou il y a plus de places disponibles.
Animaux de compagnie
À partir de là, la réunion s'est essoufflée. Il a été question de "rapatrier les handicapés de Belgique"... (gros flottement incompréhension dans la salle)... En fait, il n'y a pas assez de places dans les structures spécialisées, en France, pour les handicapés fortement dépendants, ils sont donc encouragés à aller au Benelux ou il y a plus de places disponibles.
L'APF a mis fin à la réunion.
Voili voilou
Jérôme Leignadier-Paradon
Candidat 1ère circonscription du Rhône.
(Merci à Zii pour sa relecture)
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